Quelques chapitres de ce roman :
Le jour de mes dix-huit ans, j’ai pris une décision qui allait changer le cours de mon existence. Avec la fougue de ma jeunesse, pas un seul instant, je n’ai pensé que cela pourrait complètement chambouler ma vie.
Je ne pouvais envisager que tout ce qui m’attendrait après un acte aussi précipité qu’intrépide, pourrait avoir des conséquences.
J’avais envie d’un ailleurs. Envie de donner à ma vie une autre coloration.
Douloureux de prendre l’initiative de quitter Paris. Paris la magnifique. Paris dont j’entendais encore les battements de son cœur. Par amour, j’’ai décidé d’aller vivre avec celui dont j’ignorais tout.
Mais quand on aime… on anticipe à peine.
1. LE LYCÉE
Je m’appelle Olivia. J’ai 17 ans et demi. Je vis chez mes parents et j’ai une sœur jumelle, Julie. Tous les jours, je vais au lycée, et je ne demande qu’une chose en ce moment, c’est de réussir mon baccalauréat. Je me destine à faire de la recherche à l’université dans le domaine de l’épidémiologie. Je suis curieuse de nature, et rien que le mot «recherche» m’interpelle. Un peu comme si j’allais découvrir des secrets bien gardés. Chercheuse, quel beau métier ! Découvrir et partager avec les autres. Oui, ça me dit assez ce métier.
D’un naturel assez sage, j’aime aussi m’amuser. Cependant, les études ont pour moi quelque chose de solennel. Réussir mes études est comme un engagement. Un engagement vis-à-vis de mes parents certes, mais aussi vis-à-vis de moi-même. J’ai une vie pleine de promesses qui s’ouvre devant moi, et je ne veux ni décevoir mes parents, ni même me décevoir. Cela paraît étrange d’avoir envers soi le même respect que celui que l’on porte à ses parents. On me dit douce et jolie. Un défaut tout de même, je suis naïve. Mais toutes les jeunes filles de mon âge, ne le sont-elles pas ? J’ai beaucoup de camarades au lycée.
J’aime la philosophie, car je suis un peu rêveuse. Mais qui ne l’est pas à mon âge ? Les débats avec mes camarades de classe sur différents sujets me passionnent, sans toutefois m’entêter à faire valoir mes idées.
Ce jour-là au lycée, la prof demande aux élèves de se joindre aux enseignants pour une manifestation contre la réforme des retraites. Tous les élèves y participeront. Solidarité oblige.
Olivia se précipite au téléphone pour en informer sa mère.
— Je vais à la manifestation pour soutenir mes profs contre la réforme des retraites.
— Je n’aime pas trop que tu ailles dans les manifestations de rues. Il y a souvent des dérapages.
— Tu me tiens au courant. Contacte-moi toutes les heures pour que je ne m’inquiète pas à ton sujet.
— Oui, je te SMS toutes les heures. En cas de problème, tu viens me chercher ?
— Je viendrai. Tu m’indiqueras exactement l’endroit où tu te trouves. Le nom de la rue… et le numéro. Prends une photo de l’endroit pour que je te localise.
— D’accord maman.
— Tu as de quoi te payer un sandwich ?
— Il y aura une distribution de panier repas pour le déjeuner. Ne t’inquiète pas pour ça. Je serai avec ma copine Lucie.
— Parfait.
— À ce soir alors. Tu m’appelles quand la manif est terminée.
— Oui. À ce soir maman.
— Tout de même, faire participer des lycéens à une manif à quelques mois du bac !
— J’ai pris avec moi un cours audio.
— C’est bien. Mais fais attention, je te le répète. Parfois il y a des dérapages dans les manifs.
— Je sais maman. Je ferai attention. Un bus passe nous prendre et nous ramène au lycée en fin de journée.
— Je suis tout de même inquiète.
— Sois cool maman.
La maman d’Olivia se faisait du souci. Elle n’aimait pas trop les manifestations de rues. Cela lui rappelait les manifs de mai 68 dans lesquelles elle défilait. Les profs auraient dû prévenir les parents pour savoir s’ils étaient d’accord ou non.
2. LA MANIF
Dans le bus, il y avait une ambiance de fête. Tout le monde chantait. Le prof était bon enfant. Facette de sa personnalité méconnue. Vint la distribution des paniers repas. Certains en redemandaient.
Arrivés à la manif, les instructions étaient de partir de la place d’Italie jusqu’aux invalides. Des directives avaient été données pour rester groupés. Et au cas où l’un des élèves se perdrait, rendez-vous à l’endroit de départ où le bus serait là à les attendre. La prof communiqua son numéro de portable.
Quelle idée de se déplacer pour des manifestations justement l’année du bac. Ce n’était pas vraiment le moment de faire l’école buissonnière. Espérons que cette manifestation ne durera pas plus d’une journée, se disait la mère d’Olivia.
Départ de la place d’Italie, tous les uns derrière les autres. Des pancartes avaient été distribuées aux participants. La mobilisation était dense. D’autres manifestations étaient prévues sans dates précises.
Remise en cause de l’organisation des études, des réformes de l’enseignement et des retraites des professeurs avec un système à points qui permettrait de baisser ou d’élever le point en fonction de ce qu’il y aurait dans les caisses de l’État. Réformes qui étaient faites au mépris des profs, au mépris de tous. Sur les pancartes il y avait des slogans « Grève ou crève ». Des syndicats criaient dans des porte-voix. Il y avait des avocats avec une pancarte « Avocats en colère ». Ils jouaient là leur survie, car bon nombre de cabinets seraient contraints de fermer dans les années à venir. Tous souhaitaient le retrait de cette réforme.
Olivia voyait des pneus brûler à plusieurs endroits. Paris s’embrasait. C’était curieux de les voir tous solidaires, aussi bien les élèves, les étudiants des universités, les avocats, et tant d’autres encore.
Une manifestation bon-enfant, chantant et scandant des slogans, appelant le ministre de l’enseignement à revoir sa copie. Les profs ressentaient cette réforme comme répressive et rédhibitoire. Un système à points qui n’allait pas dans leur sens.
Néanmoins la manifestation s’était déroulée de façon pacifique. Pendant toute la matinée, on parlait des derniers cours et personne ne se souciait de la réforme en vérité.
Vers midi, la prof demanda aux élèves de s’asseoir sur le bord du trottoir pour se restaurer. Olivia sortit son panier repas de son sac à dos. Elle était affamée et commença à mordre à pleine dents dans un sandwich. Un jeune homme en face d’elle demanda où elle avait l’avait acheté afin qu’il puisse lui aussi se fournir. Olivia lui en offrit la moitié. Le jeune homme se perdit en remerciements. Après le sandwich, elle lui offrit également la moitié de sa cannette d’eau gazeuse. Il sourit. Puis soudain, à peine avaient-ils terminé de grignoter, que la police arriva en bande pour repousser les casseurs. On entendait des bruits sourds, comme des déflagrations.
Le jeune homme lui prit la main.
— Il faut courir le plus vite possible. S’éloigner d’ici au cas où l’usage de gaz lacrymogène serait utilisé.
Ils se mirent à courir main dans la main. Soudain, une déflagration. Puis l’affolement, les hurlements, les gens couraient dans tous les sens. Et d’un seul coup, l’accalmie. Ils ralentirent leur course, prirent le temps de reprendre leur souffle et décidèrent de retourner à l’endroit où se trouvaient les autres élèves du lycée. Des collégiens avaient le visage tuméfié. Quelques-uns, ensanglantés.
Olivia leva les yeux vers cet inconnu et lui jeta un regard gratifiant. Il était son héros. Celui qui l’avait éloigné du lieu où l’un de ses amis avait le visage en sang. Elle aurait pu être à sa place. Elle téléphona à sa mère pour la rassurer en lui disant que dans une heure, la prof et les élèves de sa classe allaient quitter la manif pour rejoindre le lycée. À l’autre bout du fil, elle entendit le soupir de soulagement de sa mère.
Olivia discuta un peu avec le jeune homme. Il avait 23 ans. Il était en cinquième année de médecine. Il devait se rendre dans un hôpital en Inde pour son stage de fin d’études. Alors qu’elle, devrait passer son baccalauréat dans quelques mois. Elle était complètement à ses études et voulait réussir pour que ses parents soient fiers d’elle.
Gary, c’est ainsi qu’il s’appelait, lui demanda s’il pouvait venir à la sortie des cours pour la revoir.
Tout s’était passé de façon très naturelle. Gary venait à la sortie du lycée. Ils allaient au café, ou bien se baladaient en bavardant. Il était volubile. Lui, parlait de sa famille, de ses études, de ses rêves. Il l’interrogeait pour savoir quelles seraient ses options pour le bac.
Olivia sentait comme une vague de chaleur la traverser quand il la regardait. Le regard de Gary la happait, provoquant chez elle un trouble délicieux. Cela la déstabilisait. Ces rencontres clandestines la mettaient dans une agitation presque coupable. Ses parents ne devaient rien savoir de cela. Ils étaient loin de penser qu’elle trichait sur les heures de sortie de ses cours, de façon à voir Gary en cachette. Elle s’interdisait de parler de Gary à ses parents. À sa mère surtout, qui sans aucun doute aurait donné l’ordre de ne plus le revoir afin de ne pas se disperser de ses études. Elle ne savait pourquoi, mais pour une fois, elle ne voulait pas l’inviter à ses confidences.
Gary lui demanda si elle parlait l’anglais.
— Oui, niveau scolaire.
— Il lui remit un bouquin en anglais.
— Tu le liras après le bac. Pour l’instant concentre-toi sur tes études.
Les rendez-vous après les cours étaient devenus un rituel. Ils finirent par s’attacher l’un à l’autre. Sa mère à qui elle avait un peu parlé de Gary, lui dit aussitôt qu’il était déjà vieux. Cinq ans de plus qu’elle. Elle n’avait pas encore dix-huit ans !
Ils avaient de nombreux points communs. Le goût de la musique et des arts, le goût du sport, mais aussi de la littérature. Gary manifestait souvent son désir de partir pour mieux s’assumer. Et son stage de fin d’études de médecine lui offrait cela.
— Tu aimerais partir avec moi Olivia ?
— Je ne sais pas. Mon bac d’abord, comme dirait maman.
— Ça ne fait rien. On se reverra après mon stage.
— Oui. On se reverra après.
Ils se quittèrent non sans mal après de longs baisers ardents.
Quand elle rentra chez elle, elle alla à la fenêtre lui faire un signe de la main qu’elle porta à sa bouche en guise de baiser.
3. ANNIVERSAIRE
Un mois après, Gary revint pour son anniversaire, alors qu’il avait déjà commencé son Internat en Inde. Il ne pouvait vivre sans elle. Elle non plus d’ailleurs. Ils essayèrent tant bien que mal d’envisager leur vie future. Elle et lui souhaitaient terminer leurs études avant de s’engager l’un envers l’autre.
Sa mère avait préparé l’anniversaire d’Olivia. Dix-huit ans, ça se fête. Dix-huit ans, c’est la majorité ! L’âge des pleins pouvoirs. Fini la demande d’autorisation pour voyager. Fini les bulletins scolaires à faire signer. Fini les demandes d’autorisations de toutes sortes. La liberté, c’est ça la majorité !
— Tu sais maman, je devrais me faire un nouveau passeport. Comme ça si je devais partir en vacances avec les camarades de classe, il n’y aurait aucun obstacle.
— Vous avez prévu d’aller en vacances après le bac ?
— Oui. On va peut-être choisir la Grèce.
— Où ça ?
— À Mykonos.
— La ville ou les gens ne dorment jamais ?
— Oui. Mais faut pas exagérer.
— Je n’aime pas trop ça. Il y a toujours des gens de mauvaises influence là-bas. L’alcool dans les boîtes de nuit…
— Mais non maman. Tu me connais, je n’aime pas l’alcool.
— Les camarades de classe peuvent t’influencer, non ?
— Non. Pas pour boire de l’alcool.
— Mais il y a toujours des jeux avec l’alcool dans les boîtes de nuit…
— Ça, c’est à la télé. En réalité, les élèves de ma classe ne boivent pas.
— J’ai confiance Olivia. Mais ne trompe pas cette confiance, d’accord ?
— D’accord maman.
Les camarades de classe commencèrent à arriver. Olivia mit de la musique pendant que sa mère apportait des gâteaux, des confiseries et des boissons. Des lumières se mirent à clignoter pour scander le rythme de la musique. Chevaleresque, Gary arriva avec un bouquet de fleurs à l’attention de la maman d’Olivia.
Olivia et Gary allèrent jusqu’au buffet. Certains se mirent à danser. Gary versa un peu de champagne et leva son verre en l’honneur d’Olivia, qui à son tour fit de même et but quelques gorgées.
— Alors Olivia ? Je te prends en flagrant délit.
— Juste quelques gorgées maman.
— Ça commence comme ça, puis on ne sait plus s’en passer. Tu n’as que dix-huit ans Olivia !
Elle avait envie de rétorquer « Je suis majeure maman. Je fais ce que je veux ». Dès que sa mère eut le dos tourné, Gary invita Olivia à danser. Ils esquivèrent quelques pas de danse, puis Gary la serra avec fougue.
— Attention, maman pourrait se douter de quelque chose.
— Bah, elle a été jeune elle aussi.
— Je me le demande. Elle est d’une autre génération.
— La mienne aussi est ainsi.
— On aura beaucoup d’obstacles à surmonter on dirait.
— Les obstacles j’aime ça, pas toi ?
— Pas trop.
Gary sourit, et la prit par la main pour aller s’asseoir dans un coin de la pièce loin de la sono. Olivia fixa Gary, subjuguée par son regard enflammé. Les yeux dans les yeux, autour d’eux, plus rien ne comptait. Ils étaient seuls. Ailleurs. Loin, très loin.
Olivia devait se concentrer sur ses études, et voilà qu’elle ne pensait plus qu’à une seule chose, c’est de partir avec lui. Pendant que sa mère déballait les cadeaux apportés par les invités, elle se concentrait sur « comment » partir avec Gary.
5. LA FUGUE
Allongée sur le lit, les yeux rivés au plafond, elle réfléchissait. Comment réussir à partir sans le dire à ses parents ? Un examen de la situation était nécessaire. D’un coté, elle ne voulait pas faire de peine autour d’elle, et d’un autre, elle voulait s’évaporer. Elle craignait que cette tentative de fuguer n’échoue. Elle prit son sac à dos et commença à le préparer. Ce qui veut dire que sa décision était prise à ce moment précis. Décision qui la bouleverse et la ravit à la fois.
Elle savait déjà qu’elle allait devoir renoncer à beaucoup de choses. Mais elle savait aussi qu’elle trouvera une compensation dans sa nouvelle vie qui se profile, qu’elle caressait déjà avec un certain ravissement. Cependant, elle avait le sentiment que la cuisine de sa mère lui manquera. Ses recettes succulentes dont elle seule avait le secret, lui chatouillaient les papilles quand elle rentrait du lycée.
Le matin comme habitude, Olivia prit son sac à dos pour aller au lycée. Elle embrassa ses parents, sa sœur, puis sortit de la maison. À hauteur de l’école, elle décida de bifurquer en disant à ses copines qu’elle allait chercher un croissant.
Elle se dirigea vers le café où elle devait rencontrer Gary. En le voyant assis à une table, Olivia se sentit enfin rassurée. Elle s’aperçut qu’elle avait oublié son téléphone portable. Au fond elle n’en aura pas besoin. Au pis aller, elle utilisera celui de Gary.
Direction l’aéroport. Aux côtés de Gary, elle finit par se débarrasser de son angoisse et du stress des dernières heures. Elle alla aux toilettes et mit sur ses cheveux un spray rendant ses cheveux noirs. Il fallait brouiller les pistes des caméras de vidéos surveillances.
Paris s’endort. Elle gardera longtemps cette image de la pleine lune ruisselant sur la capitale. Elle était comme en lévitation. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait pris la décision la plus cinglée de sa vie. Dans l’avion, c’est néanmoins avec un pincement au cœur qu’elle regardait par le hublot les terres de France s’éloigner.
Tour à tour inquiète, puis excitée par la perspective de voir d’autres horizons, elle sentait qu’elle allait vivre une aventure extraordinaire. Elle avait pourtant une petite inquiétude. Gary était pour elle un inconnu. Elle l’aimait et ne voulait pas se poser des questions. Elle devait se l’avouer, elle le connaissait à peine. Son amour pour lui était si fort, que cela l’empêchait de réfléchir. Elle pensait à ses parents. Ils ne devaient pas encore avoir donné l’alerte de sa disparition. Ont-ils lu le message qu’elle leur avait laissé disant qu’elle était chez une amie pour réviser ? Ce n’était pas la première fois qu’elle passait la nuit chez sa copine, et ses parents qui la connaissaient bien n’y avaient jamais émis d’objection. Au contraire, ils étaient contents de voir leur fille étudier avec acharnement pour le baccalauréat.
Olivia sortit de son sac la photo de ses parents. Enlacés et souriants, ils avaient l’air de jeunes tourtereaux. Elle aussi sera comme eux. Amoureuse de Gary. Elle sourit en pensant à la tête qu’ils feraient le jour où elle le leur présenterait comme mari potentiel. Elle savait qu’il leur plaira comme il lui a plu. Elle avait des remords de les avoir quittés de cette façon, sans prévenir.
— Coffee or tea ?
— Coffee please
— Sugar ?
— Yes, thanks.
Le Steward posa le café et quelques biscuits sur la tablette d’Olivia, alors que Gary se concentrait sur un dépliant sur l’Inde. Il prit quelques journaux et lut les derniers articles. Parfois son regard se perdait dans le vague. Olivia se demandait à quoi il pouvait bien penser.
Comme s’il avait senti ses interrogations, il prit sa main pour la rassurer et y déposa un baiser. Elle plongea son regard dans le sien pour y puiser un peu de courage.
N’est-ce pas un peu fou de suivre un inconnu ?
Après plusieurs escales, ils arrivèrent enfin à l’aéroport international de Mumbai où un ami de Gary devait venir les chercher. Olivia était surprise de voir un aéroport aussi moderne. Elle avait une tout autre idée de l’Inde.
Ils prirent leurs bagages, et restèrent quelques instants à scruter du regard les pancartes des personnes qui venaient accueillir les arrivants.
— Ils sont là je crois, dit Olivia pointant le doigt en direction d’un homme qui portait une pancarte «Welcome Gary». Elle se serra contre Gary.
— C’est ça, dit Gary. Mon ami Oliver, dit-il en le prenant dans ses bras. Mon ami de toujours.
Olivia lui tendit la main maladroitement.
— Nice to meet you.
Ils partirent vers l’habitation d’Oliver. La voiture roulait à vive allure sur l’autoroute. Des immeubles et des bidonvilles longeaient la voie. Puis des buildings plus nombreux indiquaient enfin la civilisation.
La petite amie d’Oliver était très jolie. Elle rappelait les mannequins scandinaves. Blonde aux yeux bleus, la bouche épaisse, des pommettes saillantes et un teint très clair. Elle portait une veste souple en jeans et un pantalon large.
Elle sourit à Olivia. Elle essaya de formuler une phrase de bienvenue en anglais. Olivia qui était sur une autre planète répondit à son sourire.
— Welcome.
Olivia lui rendit son sourire.
— Dis-moi Gary, où va t-on se loger ?
— Ne t’inquiète pas. Mes amis que tu vois là nous prêtent leur appartement. Ils partiront dans quelques jours, juste le temps de recevoir ma première rémunération d’interne. Je suis de garde ce mois-ci, et je serai payé. Petite rémunération certes, mais ce sera déjà ça.
Gary jeta un regard langoureux sur Olivia et la serra dans ses bras. Cela la rassura, et elle ne put s’empêcher de sourire.
— Il faudra songer à faire vos visas en temps et en heure, car ici ils ne plaisantent pas avec ça, dit Oliver.
— Pas de problème. Je serai à jour avec les administrations du pays. Et toi Oliver, tu fais comment pour tes visas?
— J’ai un visa de 90 jours pour le moment. Ensuite c’est l’hôpital qui va me les faire pour études médicales.
— Bon. Alors je te suivrai dans tes démarches puisque nous sommes logés à la même enseigne. Je pensais les faire via l’ambassade de France.
— Pas nécessaire. L’hôpital te les fera.
— Ce sera une chose de moins à régler.
— En Inde, ils accueillent à bras ouverts les futurs médecins, avec l’espoir qu’ils resteront ici où il en manque cruellement.
— On verra à la fin du stage si on a envie de rester ou non.